Composer l’espace
Penser, concevoir, écrire puis diffuser une œuvre spacialisée et/ou immersive s’avère être une poïétique assez différente que celles d’une œuvre stéréo (électronique) ou instrumentale (configuration conventionnelle d’un orchestre).
Tout d’abord, les objectifs :
S’agit-il de spacialiser
les instrumentistes ?
Tels Carré (1960) ou Hymnen (1967) de Stockausen, Terretektohr (1966) de Xenakis, Repons (1981) de Boulez, etc.
les sons dans un espace de diffusion ?
Tels Le Diatope de Xenakis, le WSF de L’IRCAM, l’Acousmonium du GRM, The Sound Dome du ZKM, l’Acousmonef de Jean-Marc Duchenne, etc.
S’agit-il d’insérer
le public dans l’espace de l’œuvre ?
Tel mon concert d’avions « Airs d’Escadrille » (Pièce Objetique N°2 pour 6 avions et 1 sampler) au Musée de l’Air & de l’Espace du Bourget, en 1989, où les instruments-avions étaient répartis dans un espace 3D (x,y,z) que le public parcourait via des coursives aériennes, au sol, etc.
l’orchestre dans le public ?
Tel mon événement « Dans la Ville Blanche » (Carillon N°1 pour 5 clochers (minimum) d’églises avec 1 percussioniste par cloche + Chant N°2 pour 60 voix (minimum) de femmes et hommes) à Poitiers, en 1987, durant 8h avec 200 chanteuses, percussionistes, danseuses, plasticiens répartis dans la ville (magasins, marchés, espaces publics …) et tous les clochers de ses églises
l’ensemble instrumental dans l’espace de l’œuvre intermédia ?
Tels mes « Jeux Paradigmatiques » N°1 à N°8 (1981-1987) où les musiciens et les plasticiens intervenaient dans l’espace des danseuses, entourées par le public
S’agit-il d’une immersion
collective dans un même espace ?
Tel un public qui se déplace dans une œuvre spacialisée
en solo (réalité virtuelle) ?
Tel un dispositif (multicanal) personnel d’écoute donnant accès à l’espace imaginaire (immersion psychologique)
Ensuite, l’état des choses :
Statiques, inertielles
Telle la première partie de mon œuvre « Thèkè » (2011) où chaque son est fixé, localisé dans l’espace acousmatique
Aléatoires
Telle la première partie de mon œuvre « l’Odyssée » Station 12 (2018) où chaque piste surgit ou disparaît (aussitôt remplacée par l’une des 16 autres) d’un canal avec pour résultat un enchevêtrement en x,y,z
Chaotiques
- Un de mes prochains projets …
Par flux
Turbulents
Mouvants
Linéaires
L’infinitude
Tel le final de mon œuvre « l’Odyssée » Station 11 (2017) coupé soudainement car il est de fait impossible d’écouter son parcours infini dans l’espace-temps donné du concert
Puis, les jeux :
L’(expérience) esthétique ¹
l’improbable
le débordement
le désaccord
l’incident
l’indéterminé
Le résultat des choix & options façonnées durant ce processus génère une esthésique ² qui se démarque remarquablement des sentiers battus de la musique électronique actuelle et des non moins redoutables formations académiques qui tendent à figer ce qui ne devrait être qu’un pur moment de grâce.
¹ Olivier Chédin : Sur l'esthétique de Kant et la théorie critique de la représentation – Paris, Vrin (1982) ² Dominique Château : John Dewey et Albert C. Barnes : Philosophie pragmatique et arts plastiques – Paris, l'Harmattan (2003)
#JeanVoguet #acousmatique #MusiqueAcousmatique #MusiqueÉlectronique #MusiqueMulticanale #3Daudio #acousmatic #AcousmaticMusic #ElectronicMusic #MultichannelMusic
Jean VOGUET Composer Acousmatic Geophonies & Heterotopias – Volumiphony