Jean VOGUET Composer

volumiphony

 

 

La poïétique du volumiphonique

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Pour déterminer et superposer jusqu’à l’infinitésimal l’espace multicanal des masses sonores volumiques dans une œuvre 3D, une approche rhyzomatique qui : – se réfère aux dimensions des géométries complexes des espaces multidimensionnels ; – prend en compte les multiples points d’ouïe définis par les déplacements et parcours possibles des auditeurs ; – ajoute le multivolume au multicouche ¹ ; permet d’utiliser à son optimum la spatialité potentielle de chaque son dans toute diffusion, qu’elle soit effectuée par projection ou par “radiation” (HP multidirectionnels).

Après avoir expérimenté et structuré un modèle allocentrique ² durant un an via les possibilités du dispositif volumiphonique 32.2 du CRANE lab, il en résulte la possibilité de combiner/agencer de nombreux polyèdres : tétraèdres, pyramides, pentaèdres, etc. telle une intrication de volumes (des plus petits aux plus grands possibles) dans l’espace 3D de l’œuvre.

La diffusion volumiphonique pourrait devenir une “collision” de vecteurs avec des HP, entités autonomes et mobiles (fixés sur des rails ou sur des drones, etc.), capables : – de modifier les trajectoires de leurs déplacements ; – d’en choisir le moment, la vitesse et la durée ; – d’optimiser leur angle de diffusion en temps réel. Cette vectorisation de la diffusion reconfigurerait non seulement l’espace musical (en champ de probabilités) mais aussi sa temporalité dans un flux continuel d’ajustements algorithmiques où l’auto-organisation siérait.

Autant un tel processus de diffusion sonore me semble porteur de nouvelles découvertes quant à la réactivité des sons, autant la “mécanisation” des déplacements des masses sonores délégués par randomisation ou algorithmisation ne permet pas : – d’exprimer une naturalité, une “vie humaine” dans le travail compositionnel en audio 3D ; – de préserver une ouverture sur l’imprévisible humain.

À mon avis, le désir doit rester au centre de toute écriture quelle qu’elle soit.

Car il ne faut pas oublier que la réceptivité (l’esthésique) d’une œuvre et son “faire” (la poïétique : composer en s’appuyant sur un processus créatif de recherches personnelles), ce sont deux attitudes très différentes.

 


¹ Le compositeur Jean-Marc Duchenne définit le multicouche par “la possibilité de créer des œuvres sonores qui se déploient dans l'espace réel, avec des différences de distance et de proximité (comme dans une forêt), plutôt que d'en projeter une image sur la surface (comme dans une bulle)”. ² Approche de spatialisation décentrée, qui prend en compte la diversité des points d'ouïe dans l’espace. Elle vise à créer une expérience immersive fluide et ouverte à différents positionnements physiques et sensoriels.

 


The poiesis of the volumiphonic

To determine and superimpose the multichannel space of volumetric sound masses in a 3D work down to the infinitesimal, a rhizomatic approach that : – refers to the dimensions of complex geometries of multidimensional spaces ; – takes into account the multiple listening points defined by the possible movements and paths of listeners ; – adds multivolume to multilayer ¹ ; allows the potential spatiality of each sound to be used to its fullest in any diffusion, whether by projection or “radiation” (multidirectional speakers).

After experimenting with and structuring an allocentric ² model for a year using the capabilities of the CRANE lab's 32.2 volumiphonic device, the result is the ability to combine/arrange numerous polyhedrons : tetrahedrons, pyramids, pentahedrons, etc., such as an intrication of volumes (from the smallest to the largest possible) in the 3D space of the work.

Volumiphonic diffusion could become a “collision” of vectors with speakers, autonomous and mobile entities (mounted on rails or drones, etc.), capable of : – modifying the trajectories of their movements ; – choose the timing, speed, and duration of their movements ; – optimize their diffusion angle in real time. This vectorization of diffusion would reconfigure not only musical space (as a field of probabilities) but also its temporality in a continuous flow of algorithmic adjustments where self-organization would take hold.

While such a process of sound diffusion seems to me to hold promise for new discoveries regarding the reactivity of sounds, the “mechanization” of sound mass movements delegated by randomization or algorithmization does not allow for : – the expression of naturalness, of “human life” in 3D audio composition work ; – the preservation of an openness to human unpredictability.

In my opinion, desire must remain at the center of all writing, whatever its form.

For we must not forget that the receptivity (esthesis) of a work and its “doing” (poiesis : composing based on a creative process of personal research) are two very different attitudes.

 


¹ Composer Jean-Marc Duchenne defines multilayering as “the possibility of creating sound works that unfold in real space, with differences in distance and proximity (as in a forest), rather than projecting an image onto a surface (as in a bubble)”. ² A decentralized spatialization approach that takes into account the diversity of listening points in space. It aims to create a fluid immersive experience that is open to different physical and sensory positions.

October 2025

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Jean VOGUET Composer Acousmatic Geophonies & Heterotopias – Volumiphony


 

 

L’hypothèse des espaces sonores multidimensionnels

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Dans un espace 3D, la variable du temps est indépendante des variables x,y,z à contrario d’un espace-temps 4D où elles sont liées entre elles – par la constante c – et considérées comme nécessaires pour déterminer complètement un phénomène.

Les espaces multidimensionnels (5D, etc.) aux géométries complexes sont silencieux, invisibles et inimaginables avec plusieurs, voir d’innombrables, dimensions déterminées par des vecteurs.

D’après les scientifiques de l’équipe du Blue Brain Project, il existe un univers multidimensionnel dans le cerveau humain. Celui-ci peut créer des structures jusqu'à 11 dimensions mais elles ne sont pas perçues au sens traditionnel car nous ne sommes pas capables actuellement d’imaginer un espace avec plus de 4 dimensions.

Notre cerveau stockant ses souvenirs « peut-être dans une cavité multidimensionnelle » ¹, celle-ci serait de fait un espace latent.

En considérant une porosité probable de ces dimensions, tant dans leurs géométries complexes que par leurs contenus hétérogènes et comme : – Karlheinz Stockhausen qui pensait transformer les humains en êtres polyphoniques capables d’entendre (et de vivre) plusieurs mondes ou plans sonores à la fois ; – Giacinto Scelsi qui écoutait la matière sonore jusqu’à exister en elle, pour qu’elle devienne un milieu où il avait lieu d’être : « Il y a déjà dans ce son-là, tout le cosmos entier qui remplit l’espace. Tous les sons possibles sont contenus en lui. » (Les Anges sont ailleurs … – Arles, Actes Sud – 2006, p77) ;

Il nous sera certainement possible un jour de percevoir jusqu’à l’infinitésimal certains espaces sonores multidimensionnels qu’évoquait déjà Gaston Bachelard ² dans sa conception plurielle d’un espace-temps jamais donné mais toujours à construire comme une superposition d’instants.

« Il faut inventer le cœur des choses, si l’on veut un jour le découvrir. », préconisait Jean-Paul Sartre ³


¹ Selon Henri Markram, directeur du Blue Brain Project et professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. ² Gaston Bachelard : Voir La Dialectique de la durée – Paris, Boivin – 1936 ³ Jean-Paul Sartre : Voir Situations, 1 – Paris, Gallimard – 1947, L’Homme ligoté

 


The multidimensional sound-space hypothesis

In 3D space, the time variable is independent of the x,y,z variables, in contrast to 4D space-time, where they are linked together – by the constant c – and considered necessary to fully determine a phenomenon.

Multidimensional spaces (5D, etc.) with complex geometries are silent, invisible and unimaginable, with many, even countless, dimensions determined by vectors.

According to the scientists on the Blue Brain Project team, there is a multidimensional universe in the human brain. It can create structures in up to 11 dimensions, but these are not perceived in the traditional sense, as we are currently unable to imagine a space with more than 4 dimensions.

Our brain stores its memories « perhaps in a multidimensional cavity » ¹, which would in fact be a latent space.

Considering the probable porosity of these dimensions, both in their complex geometries and in their heterogeneous contents, and as : – Karlheinz Stockhausen, who thought of transforming humans into polyphonic creatures capable of hearing (and experiencing) several sound worlds or planes at once ; – Giacinto Scelsi, who listened to sound matter to the point of existing within it, so that it became a milieu where he had a place to be : « There is already in this sound, the whole cosmos that fills space. All possible sounds are contained within it. » ;

One day, we will certainly be able to perceive, down to the infinitesimal, certain multi-dimensional sound spaces that Gaston Bachelard ² already evoked in his plural conception of a space-time that is never given, but always to be constructed as a superposition of instants.

« You have to invent the heart of things, if you ever want to discover it. » ³, said Jean-Paul Sartre.


¹ According to Henri Markram, Director of the Blue Brain Project and professor at the l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. ² Gaston Bachelard : See La Dialectique de la durée – Paris, Boivin – 1936 ³ Jean-Paul Sartre : See Situations, 1 – Paris, Gallimard – 1947, L’Homme ligoté

May 2025

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Jean VOGUET Composer Acousmatic Geophonies & Heterotopias – Volumiphony


 

 

Le concept de la Volumiphonie

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Le terme diffusion multicanale s’avère imprécis au regard des possibilités et choix qu’il implique. Car des dispositifs x,y VS x,y,z n’ont pas grand chose en commun tant au niveau compositionnel de l’œuvre que pour son écoute. Dans le premier cas, il s’agit de mesures/distances en 2D et donc d’une pensée et écoute linéaire ; pour le second cas il s’agit de mesures/distances en 3D et donc d’une pensée et écoute volumique.

Historiquement, le multicanal a tout d’abord été développé linéairement : quadriphonie, octophonie, etc. Les recherches se sont ensuite poursuivies sur des espaces volumiques : cube, dôme, etc.

Le 3ème âge ¹ de ce processus – plus que jamais volumique – s’oriente sur la conception d’espaces dits “forêts primaires” à contrario des formats Ambisonics et Atmos ² car heureusement l’espace de nos vies est infiniment plus vaste et beaucoup moins normalisé. Les formations et vibrations des sons dans l’air/espace méritent beaucoup mieux que ces réductions extrêmement limitatives quant à la circulation et à la situation des masses sonores spatiales.

Afin de préciser une terminologie – actuellement trop brouillonne ³ – qui permettrait de mieux définir la métrique spaciotemporelle des masses sonores et du chemin géodésique de chacune d’elles dans son espace-temps courbe, le terme volumiphonie semble le plus adapté pour définir une diffusion multicanale en 3D. Qui plus est, il s’inscrit dans la lignée étymologique de ses prédécesseurs : stéréophonie, octophonie, ambiphonie, etc.


¹ Jean-Marc Duchenne le présente excellemment dans youtu.be/Z1R48MTQE40 ² Ces formatages induisent une perte spatiale ainsi qu’une compression sonore d’où une déprédation significative de la qualité des sons. ³ Laissons la multiphonie au chant choral, d’ailleurs ce terme ne résout en rien les différences entre linéarité et volumique.

 


The concept of Volumiphony

The term multichannel diffusion is imprecise in terms of the possibilities and choices it implies. For x,y VS x,y,z devices have little in common, both in terms of the composition of the work and its listening. In the first case, it's a question of 2D measurements/distances, and therefore of linear thinking and listening ; in the second case, it's a question of 3D measurements/distances, and therefore of volumetric thinking and listening.

Historically, multichannel was first developed linearly : quadraphonic, octophonic and so on. Research then continued into volumetric spaces : cube, dome, etc.

The 3rd age ¹ of this process – more volumetric than ever – is moving towards the design of so-called “primary forest” spaces, as opposed to Ambisonics and Atmos formats ² because fortunately the space of our lives is infinitely more vast and much less standardized. Sound formations and vibrations in air/space deserve much better than these extremely restrictive reductions in the circulation and location of spatial sound masses.

In order to clarify a terminology – currently too muddled ³ – that would better define the spaciotemporal metrics of sound masses and the geodesic path of each of them in its curved space-time, the term volumiphony seems the most appropriate to define 3D multichannel diffusion. What's more, it follows in the etymological footsteps of its predecessors : stereophony, octophony, ambiphony, etc.


¹ Jean-Marc Duchenne presents it excellently in youtu.be/Z1R48MTQE40 ² Such formatting induces spatial loss and sound compression, resulting in a significant loss of sound quality. ³ Let's leave multiphony to choral singing, a term that in no way resolves the differences between linearity and volumic.

January 2025

Text published on the soudingFUTURE website

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Jean VOGUET Composer Acousmatic Geophonies & Heterotopias – Volumiphony